273,000 VNĐ
UN ETE BLANC ET NOIR
Détails sur le produit: » Prix: 273,000 VNĐ » Barecode: 9782253194507 » Auteur: Frédéric Couderc » Éditeur: Le Livre de Poche » L'année d'édition: 29 avril 2015 » Langue: Français » Dimension: 11 x 1,6 x 17,8 cm » Nombre de page: 360 » Poids: 0.19 KgDescriptions du produit
Extrait
Afrique du Sud, novembre 1967
Juste avant de quitter Paris, Gabriel avait eu l'idée de m'offrir un magnétophone à K7. Depuis deux jours que j'étais au Cap, mon premier geste de la journée consistait à pousser la touche du Philips gris anthracite. Psyché Rock - un jerk composé pour un ballet de Maurice Béjart- emplissait alors ma chambre d'hôtel dans une fusion de cloches, flûtes, sons synthétiques, batterie et guitares distordues. Sous ces effets psychédéliques, je me levais pour contempler depuis la fenêtre un jardin ombragé de pins maritimes et bordé d'agapanthes. L'humidité dévalait de la montagne. Des parfums de fleurs blanches s'entremêlaient aux essences des résineux. Les écureuils bondissaient sous l'éclat cuivré du soleil. Quel choc, après l'automne parisien !
Ce matin-là, j'allais enfin découvrir l'UCT, University of Cape Town. Le doyen du département de français m'attendait pour 10 heures. Il était convenu que j'enseignerais dès mon arrivée sur le campus. Une grosse journée se présentait. Je filai sous la douche, fardai mes paupières de bleu clair, et m'habillai d'une tenue sobre : jupe-crayon écrue, twin-set raccord et escarpins beiges. J'avalai ensuite un thé dans la salle à manger et rendis ma clef à la réception.
Des taxis patientaient devant l'hôtel. Sur leur toit, un panneau de signalisation à fond vert, de forme carrée, affichait en lettres capitales une mention glaçante : Whites only. Je m'engouffrai dans une Mercedes en indiquant ma destination : l'université. Le chauffeur portait une cravate marron et une chemise blanche. Il avait un visage osseux et des traits sévères comme on en prête aux pionniers des étendues du Far West.
J'avais choisi l'hôtel Prince-Alfred pour sa situation sur les hauteurs de la ville. Je dominais ainsi la baie scintillante du Cap et me trouvais blottie sur la fameuse montagne de la Table. Cette masse verticale de mille mètres de haut ne cessait de m'impressionner. Plus qu'une table, je trouvais d'ailleurs qu'elle ressemblait à une armoire gigantesque. Son plateau se prolongeait en dorsale jusqu'au Cap de Bonne-Espérance, sa forme se devinait d'à peu près tous les points cardinaux jusqu'à des dizaines de kilomètres à la ronde, et mes premiers échanges avec les habitants me la révélaient en totem, ses pentes escarpées, ses monticules, ses pitons - il y en avait douze d'affilée appelés «apôtres» sur le versant Atlantique - offrant depuis des siècles abris et protection.
En moins de dix minutes, le taxi quitta les résidences et jardins luxuriants de Gardens pour rouler en épingle sur De Waal Drive. A la hauteur de Woodstock, il croisa sur sa droite une vaste étendue d'herbe rêche et courte. Je vis par la vitre de la voiture, à l'abri d'un enclos, gambader quelques zèbres d'une race en danger d'extinction, une population dont j'avais lu dans quelques guides sur la région qu'elle comptait moins de cent survivants et dont le chauffeur me signala la présence avec cette intonation monocorde typique des Afrikaners. Je plissais encore les yeux sur un petit groupe d'antilopes qui venaient se mélanger à l'espèce menacée. Soudain loquace, mon conducteur acheva la course dans une évocation assez confuse du règne animal avant que les Hollandais n'établissent leur colonie ici. C'était difficile à croire mais, trois siècles plus tôt, tandis que les huguenots français plantaient les premières vignes, que les maîtres de Rotterdam boisaient les environs de chênes et marronniers, édifiaient des domaines gracieux aux murs blancs, pignons, toits de chaume, porte en bois de santal et pièces dallées, ce territoire était encore peuplé de lions, léopards, rhinocéros et éléphants.
Peu avant l'université, sur la gauche, un moulin blanc qu'on aurait cru tout droit sorti d'un tableau de Vermeer émergea de l'horizon pour appuyer la démonstration. À cette hauteur, le taxi obliqua et piqua de nouveau en direction de la montagne, sur les flancs de Devil's Peak. Étage parmi les arbres et les terrains de sport, le campus apparut : nous n'étions plus chez les Bataves, mais dans les environs de Cambridge.
Présentation de l'éditeur
Fin des années 1960. Lois discriminatoires, townships, relégation dans les bantoustans, torture et assassinats… la liste est longue des violences que subissent les Noirs et les métis d’Afrique du Sud sous le règne de l’apartheid. Dans l’autre monde, celui des Blancs, le professeur Barnard va bientôt réaliser la première greffe du cœur. C’est dans ce pays, où se mêlent la liberté des « swinging sixties » et l’horreur de la ségrégation, que Marianne, jeune Parisienne professeur de lettres, débarque pour enseigner à l’université du Cap. Elle y rencontre Denise, une avocate blanche engagée dans la lutte contre les lois raciales, et Victor, Afrikaner charmeur, désinvolte et richissime qu’elle va aimer passionnément. Elle sera également impliquée dans un projet fou : faire évader Mandela des geôles de Robben Island. Amour et suspense… une histoire choc, inspiré de faits réels et peu connus, en hommage à Nelson Mandela.








